Filigranes, 2002.
Un ouvrage aujourd’hui collector, signé par Bernard Plossu sur la page de titre à la mine de plomb.
« Après tout, pourquoi le cinéma ? A cause du flou ? Le bougé, les cadrages, les personnages suivis et épiés dans leur dos ? Ce sentiment est décidément trop simple, trop évident : mouvement saisi, immobilisation momentanée, suspens, tension du redémarrage du geste, reprise empêchée de l’emportement des corps gelés par la prise. Mais en quoi ces images depuis une quarantaine d’années – floues en effet, brossées, rayées, empoussiérées par le tremblé – renvoient-elles au cinéma ? Car le cinéma est-ce du flou, du tremblé, du rayé ? Toute sa pratique est tendue vers le net, le fixe, le lisse. Ce sont les obsessions des opérateurs de films. Ou alors, il s’agit dans le cas contraire, de méprisables films expérimentaux. Mais ces derniers, en général, les photographes les méconnaissent, et paradoxalement, les cinéastes expérimentaux rêvent parfois de photographie quand ils se livrent à leurs excès formalistes. » - Dominique Païni